Le Bulletin de la Banque de France n°232 : Article 5 Les placements des assureurs résistent à la crise malgré les tensions

Les placements des assureurs établis en France atteignent 2 813 milliards d’euros fin 2019, en hausse de 211 milliards par rapport à l’année précédente. Sous la pression induite par la nouvelle baisse des taux, les assureurs privilégient les obligations émises par le secteur privé et par des émetteurs hors zone euro ainsi que des actifs de diversification (immobilier, titres structurés, etc.). Les plus-values latentes élevées enregistrées leur permettent d’amortir en partie la crise sanitaire et économique au premier semestre 2020. Alors que la valorisation des actifs s’est fortement dégradée au premier trimestre 2020 (– 131 milliards d’euros soit la quasi-totalité de la hausse enregistrée sur 2019), le rebond des marchés au deuxième trimestre a permis d’effacer plus de la moitié de cette baisse. La crise a peu affecté les notations des obligations détenues. Les placements liquides permettent aux assureurs de faire face à leurs engagements à court terme.

1 La situation des assureurs en 2019, avant la crise sanitaire : une allocation d’actifs stable dans l’environnement de taux bas

En 2019, avec 2 813 milliards d’euros d’actifs, la France demeure le premier marché de la zone euro par la taille du bilan, les organismes d’assurance établis en France et soumis à la directive Solvabilité II détenant 35 % des placements gérés par les assureurs de la zone euro. L’assurance-vie et mixte reste de loin la première activité des assureurs français : elle représente 91 % des encours de placements des assureurs.

Une allocation d’actifs vers des placements sûrs, diversifiés et de long terme

Il incombe aux assureurs de détenir des actifs suffisamment sûrs et liquides, pour disposer des fonds nécessaires en cas de survenance d’un évènement futur et incertain. Aussi ont-ils une allocation stable de l’actif d’année en année (cf. graphique 1), les légères modifications observées entre 2018 et 2019 provenant principalement d’effets de valorisation en lien avec la hausse des marchés boursiers. Les proportions de parts d’organismes de placement collectif – OPC 
(+ 0,8 %) et d’actions (+ 0,4 %) progressent alors que celles des obligations (– 1,2 %) et des immobilisations corporelles (– 0,1 %) diminuent.

Les assureurs continuent de privilégier les obligations qui représentent, en 2019, 58 % des placements, principalement des obligations souveraines 
(25 % des encours totaux) et d’entreprises financières (22 %). Ils détiennent en majorité des titres de créance de plus d’un an (pour un montant de 
1 599 milliards, contre 20 milliards de titres de moins d’un an) conservés généralement jusqu’à échéance, ce qui limite les effets des chocs conjoncturels.

Les actions et participations constituent 10 % des placements. Ce chiffre global masque cependant une différence notable entre les assureurs-vie et mixtes, dont 8 % du portefeuille d’actifs correspondent à des actions et participations, et les assureurs non-vie, détenant plus d’un quart (27 %) de leur portefeuille en actions et participations. Cet écart s’explique avant tout par une plus forte proportion de participations 2 détenues par les assureurs non-vie à hauteur de 23 % de l’encours, contre 4 % dans l’assurance-vie et mixte. Au final, les placements investis directement en actions atteignent les mêmes proportions chez les assureurs non-vie, vie et mixtes. La détention de titres d’OPC reste stable. Les parts d’OPC représentent 27 % des placements (26 % en 2018). 

En matière d’allocation sectorielle des placements détenus en direct, les…

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Le Bulletin de la Banque de France n°232 : Les placements des assureurs résistent à la crise malgré les tensions
  • Publié le 16/12/2020
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Mis à jour le : 16/12/2020 10:00