Rue de la Banque n°58 : Quels instruments de partage des risques et de pilotage macroéconomique dans l’Union économique et monétaire ?

La lenteur et les reculs du processus d’intégration financière dans la zone euro ne lui permettent pas de jouer un rôle stabilisateur, ni même de contribuer à la convergence des économies. La priorité est donc d’accélérer l’émergence d’une union de financement, via des acteurs bancaires paneuropéens, et une véritable union des marchés de capitaux qui lève les obstacles à l’allocation transfrontalière de l’épargne au sein de la zone euro. La complémentarité entre répartition privée et publique des risques dans une union monétaire conduit également à recommander le renforcement du dispositif actuel de surveillance et de coordination par la création d’instruments de stabilisation, sous l’égide d’une véritable autorité macroéconomique de la zone euro. Par Pierre JAILLET et Édouard VIDON

Dans la vingtième année de la monnaie unique, et cinq ans après le pic de la crise, le diagnostic de la faiblesse du volet économique de la zone euro est amplement partagé. Cependant, les propositions de réforme  illustrent une bipolarisation. Certaines privilégient la réduction des risques privés et publics par l’apurement des bilans bancaires et le renforcement de la discipline budgétaire, comme préalable à leur mutualisation. D’autres privilégient la mise en oeuvre d’instruments communautaires de partage de ces risques, comme une condition du bon fonctionnement – voire de la pérennité – de la zone euro. Cette bipolarisation a abouti à l’inaction. Les récentes tentatives de la Commission européenne d’une part, et d’un groupe d’économistes français et allemands d’autre part (Bénassy-Quéré et al., 2018) pour sortir de cette impasse sont bienvenues, mais se focaliser excessivement sur le partage public des risques serait une erreur.

Il est proposé dans ce Rue de la Banque de renverser l’ordre de priorité, sur la base de deux observations : d’une part, la complémentarité entre répartition privée et publique des risques en union monétaire ; d’autre part, la lenteur du processus d’intégration financière, reculant même depuis la crise. Il ne peut donc jouer un rôle stabilisateur, ni contribuer à la convergence structurelle. Dans le cadre des travaux préparatoires de l’Union économique et monétaire (UEM), le rapport Emerson (Commission européenne, 1990) avait parfaitement décrit en quoi la monnaie unique était l’indispensable complément du marché unique. Le paradoxe est qu’aujourd’hui la monnaie unique est une réalité, mais circule dans un espace économique et financier fragmenté (Buti et al., 2016).

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Rue de la Banque n°58 : Quels instruments de partage des risques et de pilotage macroéconomique dans l’Union économique et monétaire ?
  • Publié le 21/03/2018
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Mis à jour le : 21/03/2018 13:45