Les informations devenues disponibles depuis la décision du Conseil des gouverneurs de mettre un terme aux achats nets d’actifs en décembre 2018 sont restées en retrait des anticipations, sous l’effet d’un fléchissement de la demande extérieure et de facteurs spécifiques à certains pays et secteurs. En particulier, la persistance des incertitudes liées aux évolutions géopolitiques et à la menace protectionniste pèse sur le climat économique.
Dans le même temps, les conditions de financement avantageuses, la dynamique favorable des marchés du travail et l’accélération de la hausse des salaires continuent de soutenir l’expansion de la zone euro et le raffermissement progressif des tensions inflationnistes. Cette vigueur sous-jacente de l’économie étaye la confiance du Conseil des gouverneurs dans la poursuite de la convergence durable de l’inflation vers des niveaux inférieurs à, mais proches de 2 % à moyen terme. Néanmoins, un niveau significatif de relance monétaire reste essentiel pour consolider le renforcement des tensions domestiques sur les prix et de l’inflation totale à moyen terme. Les indications du Conseil des gouverneurs sur la trajectoire future des taux d’intérêt directeurs (forward guidance), associées aux réinvestissements du volume considérable de titres acquis, y contribueront. Le Conseil des gouverneurs a confirmé qu’il se tient prêt à ajuster l’ensemble de ses instruments de façon adéquate pour assurer le rapprochement durable de l’inflation par rapport à son objectif.
La dynamique de la croissance économique mondiale s’est ralentie récemment, dans un contexte d’incertitudes géopolitiques et de vulnérabilités sur les marchés émergents. Le commerce mondial s’est ralenti vers la fin de 2018, en liaison avec les risques à la baisse toujours importants liés aux conflits commerciaux non résolus et le ralentissement de la croissance sur les marchés émergents. Même si les conditions financières sont globalement favorables, le fléchissement de la dynamique de la croissance mondiale a alimenté la volatilité des marchés boursiers. Une orientation plus accommodante de la politique monétaire a été adoptée en Chine en raison du ralentissement de la dynamique de la croissance.
Les rendements des emprunts publics de la zone euro ont légèrement diminué, dans le sillage de la baisse des taux sans risque au niveau mondial et de la stabilité des écarts de rendement des obligations souveraines dans la zone euro. En dépit de la hausse de la volatilité en cours de période, les prix des actions sont restés globalement inchangés, dans l’ensemble, dans la zone euro. De même, les écarts de rendement des obligations émises par les entreprises n’ont augmenté que modestement. Sur les marchés des changes, l’euro s’est déprécié en termes pondérés des échanges commerciaux.
En glissement trimestriel, le PIB en volume de la zone euro a augmenté de 0,2 % au troisième trimestre 2018, après une hausse de 0,4 % au cours des deux trimestres précédents. Les données disponibles sont restées inférieures aux anticipations, en raison d’un ralentissement de la demande extérieure accentué par des facteurs spécifiques à certains pays et secteurs. Même si l’incidence de certains de ces facteurs devrait s’estomper, la dynamique de croissance à court terme devrait être plus faible qu’anticipé précédemment. Dans la période à venir, l’expansion de la zone euro restera soutenue par les conditions de financement favorables, de nouvelles créations d’emplois et la hausse des salaires, le recul des prix de l’énergie ainsi que la poursuite, à un rythme un peu plus faible cependant, de la croissance de l’activité mondiale.
La hausse annuelle de l’IPCH dans la zone euro s’est ralentie, s’établissant à 1,6 % en décembre 2018, contre 1,9 % en novembre, reflétant essentiellement la baisse des prix de l’énergie. Sur la base des prix actuels des contrats à terme sur le pétrole, la décélération de l’inflation totale devrait se poursuivre au cours des prochains mois. Les mesures de l’inflation sous-jacente restent globalement modérées, mais les tensions sur les coûts de main-d’œuvre continuent de s’accentuer et de se généraliser dans un contexte de niveaux élevés d’utilisation des capacités de production et de tensions sur les marchés du travail. L’inflation sous-jacente devrait s’accélérer à moyen terme, soutenue par les mesures de politique monétaire de la BCE, la croissance économique en cours et l’accélération de la hausse des salaires.
Globalement, les risques pesant sur les perspectives de croissance de la zone euro ont évolué à la baisse en raison de la persistance des incertitudes liées aux facteurs géopolitiques, de la menace protectionniste, des vulnérabilités sur les marchés émergents et de la volatilité des marchés financiers.
L’analyse monétaire montre que la croissance de la monnaie au sens large (M3) s’est ralentie à 3,7 % en novembre 2018, après 3,9 % en octobre. La croissance de M3 reste soutenue par la création de crédit bancaire. L’agrégat monétaire étroit M1 a continué d’apporter la principale contribution à la croissance de la monnaie au sens large. Le rythme annuel de variation des prêts aux sociétés non financières s’est établi à 4,0 % en novembre 2018, contre 3,9 % en octobre, tandis que le taux de croissance annuel des prêts aux ménages est resté globalement inchangé, à 3,3 %. L’enquête sur la distribution du crédit bancaire dans la zone euro au quatrième trimestre 2018 indique un maintien de conditions globales du crédit bancaire favorables, après une période prolongée d’assouplissement net, tandis que la demande de crédit bancaire a continué d’augmenter, soutenant la hausse des prêts.
Les résultats de l’analyse économique et les signaux provenant de l’analyse monétaire ont confirmé qu’un degré élevé de soutien monétaire demeurait nécessaire pour assurer la poursuite de la convergence durable de l’inflation vers des niveaux inférieurs à, mais proches de 2 % à moyen terme.
Se fondant sur cette évaluation, le Conseil des gouverneurs a décidé de laisser les taux d’intérêt directeurs de la BCE inchangés et continue de prévoir qu’ils resteront à leurs niveaux actuels au moins jusqu’à l’été 2019 et, en tout cas, aussi longtemps que nécessaire pour assurer la poursuite de la convergence durable de l’inflation vers des niveaux inférieurs à, mais proches de 2 % à moyen terme.
S’agissant des mesures non conventionnelles de politique monétaire, le Conseil des gouverneurs a confirmé que l’Eurosystème poursuivra les réinvestissements, en totalité, des remboursements au titre du principal des titres arrivant à échéance acquis dans le cadre du programme d’achats d’actifs (asset purchase programme – APP) pendant une période prolongée après la date à laquelle il commencera à relever les taux d’intérêt directeurs de la BCE et, en tout cas, aussi longtemps que nécessaire pour maintenir des conditions de liquidité favorables et un degré élevé de soutien monétaire.
Updated on: 02/07/2019 14:54