Les données disponibles depuis la dernière réunion du Conseil des gouverneurs, début septembre, confirment l’évaluation précédente d’une atonie prolongée de la croissance au sein de la zone euro, la persistance de risques à la baisse élevés et la faiblesse des tensions inflationnistes. Les risques pesant sur les perspectives de croissance de la zone euro demeurent orientés à la baisse. Ils ont trait en particulier à la persistance des incertitudes, liées aux facteurs géopolitiques, à la montée du protectionnisme et aux vulnérabilités sur les marchés émergents. Dans le même temps, la poursuite de la croissance de l’emploi et l’augmentation des salaires continuent de soutenir la capacité de résistance de l’économie de la zone euro. Dans ce contexte général, lors de sa réunion d’octobre, le Conseil des gouverneurs a maintenu inchangée l’orientation de sa politique monétaire, confirmant les décisions prises lors de la précédente réunion en septembre. L’ensemble exhaustif de mesures de politique monétaire qui a été adopté lors de la réunion de septembre fournit une relance monétaire substantielle et contribuera ainsi à un nouvel assouplissement des conditions d’emprunt des entreprises et des ménages. Ces mesures favoriseront l’expansion de la zone euro, le renforcement en cours des tensions sur les prix domestiques et, partant, la convergence durable de l’inflation vers l’objectif à moyen terme du Conseil des gouverneurs.
Les indicateurs tirés d’enquêtes font état d’une activité économique modérée, mais qui se stabilise, au niveau mondial au troisième trimestre 2019. Après une période prolongée de faiblesse, l’indice des directeurs d’achat (PMI) pour la production manufacturière au niveau mondial s’est amélioré au cours des derniers mois et est revenu à des niveaux indiquant une expansion. L’indice mondial des directeurs d’achat relatif au secteur des services a continué d’indiquer une expansion au troisième trimestre. Le commerce mondial (hors zone euro) s’est contracté au premier semestre 2019 en raison de l’atonie des échanges commerciaux intra-asiatiques mais les indicateurs à court terme relatifs au commerce mondial font état d’une croissance faible mais positive au troisième trimestre. L’inflation mondiale est revenue au-dessous de 2 % en août, en partie sous l’effet du ralentissement de la hausse des prix de l’énergie, tandis que l’inflation hors produits alimentaires et énergie est restée stable à 2,3 %.
Depuis la réunion du Conseil des gouverneurs en septembre 2019, les taux sans risque à long terme de la zone euro ont augmenté et la courbe anticipée de l’Eonia s’est déplacée vers le haut, reflétant largement une diminution des anticipations des marchés relatives à une nouvelle baisse du taux de la facilité de dépôt avant la fin de l’année. Les écarts de rendement souverains sont restés globalement stables, certains pays enregistrant une légère hausse au cours de la période sous revue. En dépit de taux d’actualisation plus élevés, les cours boursiers ont augmenté, sous l’effet de la baisse de la prime de risque sur actions. Sur les marchés des changes, l’euro s’est globalement renforcé en termes pondérés des échanges commerciaux.
En glissement trimestriel, la croissance du PIB en volume de la zone euro a été confirmée à 0,2 % au deuxième trimestre 2019, après une hausse de 0,4 % au trimestre précédent. Les données économiques et les résultats d’enquêtes les plus récents continuent de signaler une croissance modérée mais positive dans la zone euro au deuxième semestre de cette année. Ce ralentissement de la croissance reflète principalement l’atonie actuelle des échanges commerciaux dans un contexte d’incertitudes mondiales persistantes, qui continuent de peser sur le secteur manufacturier de la zone euro et freinent la progression de l’investissement. Dans le même temps, l’activité dans les secteurs des services et de la construction reste robuste, en dépit d’un certain ralentissement. L’expansion de la zone euro est soutenue par les conditions de financement favorables, de nouvelles créations d’emplois et la hausse des salaires, l’orientation budgétaire légèrement expansionniste au sein de la zone euro et la croissance, bien qu’un peu plus faible, de l’activité mondiale.
La hausse annuelle de l’IPCH dans la zone euro s’est ralentie, revenant de 1,0 % en août 2019 à 0,8 % en septembre, en raison de la diminution des prix des produits alimentaires et de l’énergie. Sur la base des prix actuels des contrats à terme sur le pétrole, l’inflation totale devrait se modérer encore légèrement, avant de s’accélérer à nouveau vers la fin de l’année. Les mesures de l’inflation sous-jacente sont demeurées globalement modérées et les indicateurs des anticipations d’inflation s’établissent à de bas niveaux. Alors que les tensions sur les coûts de main-d’œuvre se sont accentuées dans un contexte de renforcement des tensions sur les marchés du travail, le fléchissement de la dynamique de la croissance retarde leur transmission à l’inflation. À moyen terme, l’inflation devrait s’accélérer, soutenue par les mesures de politique monétaire de la BCE, par la poursuite de la croissance économique et par la croissance robuste des salaires.
S’agissant des évolutions monétaires, la croissance de la monnaie au sens large (M3) s’est accentuée pour s’établir à 5,7 % en août 2019, après 5,1 % en juillet. L’expansion de M3 reste soutenue par la création de crédit bancaire et l’agrégat étroit M1 a continué d’apporter la principale contribution à la croissance de la monnaie au sens large. De plus, la croissance annuelle de l’agrégat monétaire large et des prêts au secteur privé est restée robuste, face à la diminution progressive de la contribution mécanique des achats nets réalisés dans le cadre du programme d’achats d’actifs (asset purchase programme – APP) et à l’essoufflement de la dynamique économique. Le rythme annuel de croissance des prêts aux sociétés non financières s’est accru, à 4,3 % en août, contre 4,0 % en juillet, tandis que le taux annuel de croissance des prêts aux ménages est resté inchangé, à 3,4 %. Dans le même temps, les conditions favorables de financement et de prêt des banques ont continué de soutenir les flux de prêts et, donc, la croissance économique. L’orientation accommodante de la politique monétaire de la BCE contribuera à préserver les conditions favorables d’octroi de crédits bancaires et continuera de soutenir l’accès au financement, en particulier pour les petites et moyennes entreprises.
Compte tenu des résultats de l’analyse économique et des signaux provenant de l’analyse monétaire, le Conseil des gouverneurs a confirmé qu’un degré élevé de soutien monétaire demeurait nécessaire pour assurer la poursuite de la convergence durable de l’inflation vers des niveaux inférieurs à, mais proches de 2 % à moyen terme.
Sur la base de cette évaluation, le Conseil des gouverneurs a décidé de maintenir inchangés les taux d’intérêt directeurs de la BCE et prévoit qu’ils resteront à leurs niveaux actuels ou à des niveaux plus bas jusqu’à ce qu’il ait constaté que les perspectives d’inflation convergent durablement vers un niveau suffisamment proche de, mais inférieur à 2 % sur son horizon de projection, et que cette convergence se reflète de manière cohérente dans la dynamique d’inflation sous-jacente.
Le Conseil des gouverneurs a confirmé qu’il reprendra les achats nets dans le cadre de l’APP de la BCE à un rythme mensuel de 20 milliards d’euros à partir du 1er novembre 2019. Il prévoit d’y avoir recours aussi longtemps que nécessaire pour renforcer les effets accommodants des taux directeurs de la BCE et d’y mettre fin peu avant de commencer à relever ces taux.
Le Conseil des gouverneurs entend également poursuivre les réinvestissements, en totalité, des remboursements au titre du principal des titres arrivant à échéance acquis dans le cadre de l’APP pendant une période prolongée après la date à laquelle il commencera à relever les taux d’intérêt directeurs de la BCE et, en tout cas, aussi longtemps que nécessaire pour maintenir des conditions de liquidité favorables et un degré élevé de soutien monétaire.
Le Conseil des gouverneurs a rappelé la nécessité d’une orientation très accommodante de la politique monétaire pendant une période prolongée afin d’affermir les tensions inflationnistes et de soutenir l’inflation globale à moyen terme. En particulier, les indications du Conseil des gouverneurs sur la trajectoire future des taux d’intérêt directeurs (forward guidance) permettront un ajustement des conditions financières par rapport aux évolutions des perspectives d’inflation. Dans tous les cas, le Conseil des gouverneurs reste prêt à ajuster l’ensemble de ses instruments, de façon adéquate, pour assurer le rapprochement durable de l’inflation par rapport à son objectif, conformément à son engagement en faveur de la symétrie.
Updated on: 11/07/2019 10:06