La littérature empirique sur les choix de portefeuille souligne l'existence d'une énigme de la prime de risque: les ménages détiennent une faible part d'actifs risqués que le cadre standard (espérance d'utilité, préférences homothétiques) ne peut expliquer. Pour rendre compte de ce faible investissement en actifs financiers risqués, les développements récents de la littérature ont considéré l'existence de coûts de transaction, de contraintes de liquidité ou encore d'autres risques (associés au marché du travail, à la santé, au marché immobilier). Ces background risks (i.e., qui sont inévitables, exogènes et indépendants du risque des marchés financiers) peuvent conduire les ménages à restreindre leur détention d'actions pour limiter leur exposition au risque global. Cet article analyse le lien entre l'investissement en actifs financiers risqués et l'exposition au risque immobilier à partir de l'enquête Patrimoine 2004 (Insee). Outre la composition du portefeuille des ménages, cette enquête fournit également des mesures de préférence et d'exposition à divers risques (revenu, emploi, santé, patrimoine professionnel). Nous trouvons qu'un accroissement du ratio de la richesse immobilière sur la richesse nette réduit l'investissement en actions des ménages à richesse financière donnée: en cas d'exposition à un risque immobilier, les ménages limitent leur exposition au risque global en restreignant la part de leur richesse financière investie en actions. Parmi les autres facteurs explicatifs de l'énigme de la prime de risque, notre étude met en avant le rôle significatif des coûts de transaction et d'information, de l'aversion pour le risque et de l'exposition aux autres risques
Luc Arrondel et Frédérique Savignac
Décembre 2009
Classification JEL : D91, G11, R22, E21.
Mots-clés : Choix de portefeuille, background risks, immobilier, modèle de cycle de vie
Mis à jour le : 11/02/2019 16:56