De nombreux modèles macroéconomiques incorporent des équations « hybrides », dans lesquelles certaines variables sont fonctions à la fois de leurs valeurs retardées et de leur anticipation. La courbe de Phillips hybride de la « nouvelle économie keynésienne » en constitue une illustration. Les estimations de ce type de modèles ont produit des résultats empiriques contrastés : les études qui utilisent des estimations par maximum de vraisemblance (MV) tendent à trouver une composante retardée dominante, alors que les études mettant en œuvre la méthode des moments généralisée (MMG) trouvent que la dynamique de l'inflation est essentiellement tournée vers l'avenir.
Ce papier propose une explication à ces résultats conflictuels. En introduisant deux types d'erreur de spécification standard (erreur de mesure et dynamique manquante), nous montrons que l'estimateur MV tend à sous-évaluer le poids de la composante anticipée, alors que l'estimateur MMG tend à la sur-évaluer. Nous obtenons ce résultat de façon analytique dans un modèle simple. Des simulations de Monte-Carlo indiquent que l'ordonnancement des estimateurs demeure valide pour une large étendue de modèles. A l'aide de simulations, nous trouvons que l'écart obtenu entre les deux estimateurs MMG et MV dans le contexte de la nouvelle courbe de Phillips peut s'expliquer par une erreur de spécification plus facilement que par des biais de petit échantillon parfois invoqués.
Éric Jondeau and Hervé Le Bihan
Août 2003
Classification JEL : C10, C22, E31.
Mots-clés : Modèles à anticipations rationnelles, Méthode des moments généralisés, Maximum de vraisemblance, Inflation, Nouvelle courbe de Phillips.
Mis à jour le : 12/06/2018 10:59