Dans la multitude de concepts que recouvre l'idée de chômage d'équilibre (chômage d'inadéquation, chômage non inflationniste, chômage tendanciel, chômage structurel), la notion qui présente le plus d'intérêt pour une banque centrale apparaît être celle de NAIRU puisqu'elle met directement l'accent sur l'inflation. Cette étude considère ainsi la relation de Phillips en forme réduite, supposant une relation stable entre inflation et déséquilibre de la demande, comme le point de départ le plus prometteur pour dériver une estimation du chômage d'équilibre. Nous adoptons une méthode semi-structurelle fondée sur la combinaison d'une approche économique et statistique. La relation de Phillips retenue s'inspire du « triangle model » suggéré par Gordon où l'inflation est déterminée par l'inertie des anticipations, l'excès de demande et des chocs d'offre défavorables. L'idée centrale de la méthode est de considérer le NAIRU comme un paramètre variant dans le temps, en imposant certains a priori sur sa volatilité : il est réestimé de période en période sur la base d'un modèle espace-état composé de la relation de Phillips retenue à laquelle a été associée une marche aléatoire décrivant l'évolution du NAIRU. Moyennant des hypothèses raisonnables sur la variance des innovations affectant le NAIRU, l'estimation par la technique du filtre de Kalman d'un modèle espace-état composé de ces deux équations aboutit à des résultats empiriques sur la France qui apparaissent assez réalistes : le time varying NAIRU estimé rend compte de la montée graduelle du taux de chômage observé dans les années 1970 et 1980 tout en présentant un degré de variabilité acceptable (variations infra-annuelles faibles). En travaillant sur la période 1986-1999, le NAIRU obtenu s'élève à 10 % au deuxième trimestre 1999 (entre 9% et 11% compte tenu de la marge d'incertitude)...
Delphine Irac
Juin 2000
Mots-clés : Inflation, NAIRU, France, filtre de Kalman
Mis à jour le : 12/06/2018 11:10