L’intensité de l’épidémie (mesurée par le nombre de personnes atteintes par le virus ou décédées des suites de la maladie) n’explique qu’une faible part du choc sur le PIB des grandes économies en 2020. La moitié du choc résulte de l’ampleur des réactions à la fois des pouvoirs publics en matière de restrictions sanitaires et des agents économiques privés. L’autre moitié s’explique par la spécialisation sectorielle (part du tourisme essentiellement, niveau de développement technologique), la situation démographique, sociale et économique d’avant crise et par l’impact du stimulus fiscal mis en place en 2020. Dans les pays où le choix de la stratégie de « quarantaine contrôlée » a été fait, avec pour objectif de contenir strictement la pandémie, plutôt que de « vivre avec », la baisse du PIB semble avoir été moindre.
Cet article étudie l’impact de la crise sanitaire liée à la Covid 19 sur la croissance économique en 2020 à partir d’un échantillon très large de pays (cf. tableau A en annexe) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Afin d’évaluer l’amplitude du choc, nous calculons la différence entre la croissance du PIB réalisée en 2020 et sa prévision par le Fonds monétaire international (FMI) dans les Perspectives de l’économie mondiale (World Economic Outlook – WEO) d’octobre 2019. Utiliser l’écart entre la croissance réalisée et la croissance prévue permet de tenir compte des différences à la fois de croissance potentielle et de positionnement des pays dans le cycle économique. Considérons les exemples de l’Italie et des Philippines, deux pays qui ont enregistré une baisse de PIB d’amplitude comparable (– 8,9 % et – 9,3 %, respectivement, en 2020). Toutefois, les Philippines se situaient sur une trajectoire de croissance beaucoup plus élevée que l’Italie avant la crise de la Covid 19. Cela se reflétait dans les prévisions du WEO d’octobre 2019 où le FMI avait prévu une augmentation du PIB en 2020 de 6,2 % aux Philippines, mais de seulement 0,5 % en Italie. Compte tenu de cette correction, nous obtenons un choc sur le PIB de 15,5 points de pourcentage (pp) aux Philippines, contre 9,4 pp en Italie.
L’amplitude du choc sur le PIB s’est révélée d’ampleur inégale selon les pays. Ainsi, le graphique 1 montre que la Corée du Sud a subi un choc moins important en 2020 que d’autres pays, en particulier européens. Notamment, la perte de PIB s’est élevée à 8,1 pp en zone euro en 2020, contre 5,6 pp aux États-Unis. Toutefois, l’intensité de l’épidémie ne semble expliquer qu’une très faible partie de la baisse de l’activité. Ainsi, d’après le graphique 1, la France, l’Italie, l’Espagne et la Suède enregistrent la même prévalence fin 2020 (autour de 40 cas par millier d’habitants), mais le choc de croissance constaté s’étend de – 4,4 pp pour la Suède à presque – 12,7 pp pour l’Espagne. En outre, la distribution des pertes de PIB en 2020 est très large et essentiellement liée à la baisse du PIB au deuxième trimestre (cf. graphique 2).
Une multitude de facteurs peuvent expliquer les…
Mis à jour le : 09/09/2021 10:00