Au niveau de la zone euro dans son ensemble, l’inflation est mesurée à partir de l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH). Cet indice reflète fidèlement l’évolution de la moyenne des prix de l’ensemble du panier de consommation des ménages, mais il est notoirement perturbé par la forte variabilité des prix de certains biens, d’où la nécessité de suivre également l’inflation sous-jacente, plus stable. Celle-ci est habituellement mesurée en zone euro par l’évolution des prix hors produits énergétiques et alimentaires. Cependant cet indicateur subit également parfois des mouvements erratiques, pouvant en compliquer l’analyse économique. On lui adjoint donc d’autres indicateurs, tel l’indice IPCH à moyenne tronquée (aussi appelé IPCH trimmed means). L’IPCH fine core (ou IPCH sous-jacent à exclusion fine), présenté dans cet article, vise à approfondir cette analyse. Suivre plusieurs indicateurs de l’inflation sous-jacente permet aux banques centrales de cerner de la façon la plus complète possible l’évolution tendancielle de l’inflation.
L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) sert de référence pour la cible d’inflation de la politique monétaire en zone euro (BCE, 2021). Cette mesure peut être perturbée par des mouvements importants sur quelques composantes de l’indice. Or, ces perturbations, souvent de nature exogène et transitoire, ne révèlent pas nécessairement une inflexion dans les mécanismes de formation des prix qui justifierait une intervention stabilisatrice de la politique monétaire. Par exemple, en 2020-2021, les variations du prix du pétrole ont d’abord amené le glissement annuel de l’indice total momentanément en dessous de 0 %, avant que la remontée des prix pétroliers ne contribue à engendrer une reprise marquée de l’inflation. Pour éviter une surréaction, les banques centrales analysent, de manière complémentaire, l’évolution d’indices dits « d’inflation sous-jacente ».
L’inflation sous-jacente se comprend comme l’inflation qui se réaliserait en l’absence de perturbations exogènes non liées au cycle économique (Eckstein, 1981). En d’autres termes, l’inflation sous-jacente sert à tracer la tendance inflationniste profonde de l’économie, hors perturbations conjoncturelles. Le concept d’inflation sous-jacente est simple à appréhender. Toutefois, les modalités techniques de son calcul ne sont pas universellement établies, et plusieurs méthodes coexistent.
L’IPCH hors énergie et alimentation est construit par exclusion fixe de certaines catégories de biens
L’indice d’inflation sous-jacente habituel en zone euro se définit comme l’inflation d’un panier de consommation excluant de celui de l’IPCH les produits alimentaires et énergétiques (deux catégories de produits en grande partie importés, dont les prix fixés sur les marchés mondiaux sont volatils). Les pondérations des biens et services demeurant dans l’indice des prix sous-jacents représentent environ 70 % de la pondération de l’indice d’ensemble. Cette définition présente l’avantage de définir un indice techniquement simple à constituer, et facile à analyser, puisque deux catégories entières de postes de consommation sont exclues, renvoyant aux productions du secteur primaire, et réputées soumises aux fluctuations des cours internationaux.
L’IPCH hors énergie et alimentation reste toutefois influencé par des phénomènes ponctuels qui ne sont pas liés aux tendances de fond de l’inflation
L’IPCH sous-jacent est d’une construction aisée. Cependant le revers de cette simplicité réside dans le fait que certains postes conservés dans le panier de cet indice restent sensibles aux phénomènes ponctuels qui ne sont pas liés aux tendances de fond de l’inflation. En particulier, certains postes…
Mis à jour le : 19/05/2022 10:57