L'objectif de ce travail est d'isoler et de mesurer l'importance respective des aspects politiques et économiques dans deux épisodes cruciaux de l'entre-deux-guerres en France: le processus de stabilisation du milieu des années 1920 et la réticence prolongée à abandonner l'étalon-or dans les années 1930. Nous y parvenons en séparant les anticipations d'imposition du capital et de dévaluation contenues implicitement dans les taux d'intérêt de différentes catégories d'obligations françaises. En ce qui concerne la période 1924-1926, nous montrons qu'il n'y eut à aucun moment de craintes de cessation de paiement de l'Etat; qu'une part importante du haut niveau des taux d'intérêt en 1925 s'explique par la crainte d'un impôt sur le capital (ou d'autres formes d'imposition); qu'il n'y eut jamais de craintes d'hyperinflation car les taux d'intérêt implicites à cinq ans furent toujours inférieurs à 20% et car le taux de change anticipé du franc contre la livre était supérieur à son taux de change courant au moment de sa forte baisse de 1926. En ce qui concerne les années 1930, nous montrons que les anticipations de dévaluation du franc expliquent la hausse des taux d'intérêt en France, de sorte qu'aucun effet indépendant de la politique fiscale n'était anticipé.
Pierre-Cyrille Hautcoeur et Pierre Sicsic
Janvier 1998
Classification JEL : E43, N14, N24.
Mots-clés : taux d'intérêt, anticipations, stabilisation, economie politique, poincaré, impôt sur le capital, évasion fiscale, taux de change, taux de change futur, garantie du taux de change
Mis à jour le : 12/02/2019 16:31