Le Bulletin de la Banque de France n°245 : Article 5 Trois ans après le début de la crise sanitaire, les espèces résistent face aux autres moyens de paiement en France

1 L’usage des espèces poursuit son érosion en France, mais dans une moindre mesure que dans le reste de la zone euro

Après deux premiers exercices réalisés en 2016 et 2019, la Banque centrale européenne (BCE) a renouvelé de fin 2021 à mi‑2022 son enquête sur les comportements de paiement des ménages en zone euro, nommée à cette occasion SPACE II. La part des espèces y apparaît toujours en déclin, perdant sept points de pourcentage (pp) en volume 3 aux points de vente en trois ans en France, soit une évolution similaire à celle observée entre les deux premières enquêtes (– 9 pp).

Bien que significative, cette baisse apparaît toutefois plus modérée que dans le reste de la zone euro (– 14 pp, cf. détail par pays dans la carte b).

Il s’agit désormais d’une tendance longue. Toutefois, de nouvelles habitudes de consommation ont pu s’installer depuis la crise sanitaire, contribuant également à cette érosion continue de l’usage transactionnel des espèces aux points de vente. En particulier :

• La concurrence des moyens de paiement scripturaux 4 (cf. encadré 1 infra) – qui nécessitent moins de mani­pulation ou de contact physique – persiste. La carte de paiement continue ainsi son ascension et enregistre + 8 pp entre 2019 et 2022 en France (9 pp en zone euro), portée notamment par le paiement sans contact qui représente désormais plus d’un paiement par carte sur deux aux points de vente (51 % en France et 62 % en moyenne en zone euro, contre respective­ment 38 % et 41 % en 2019) ;
• Les confinements et restrictions de déplacement ont pu favoriser l’essor du commerce en ligne (+ 8 pp en France et + 11 pp en zone euro depuis 2019), une partie des achats habituellement réalisés en magasin ayant sans doute été reportée sur ce canal de distribution pour cause de fermeture ou non‑accessibilité des points de vente physiques. Ainsi, en 2022, 20 % (12 % en 2019) des paiements non récurrents 5 sont désormais réalisés en ligne en France (17 % en zone euro), principalement et de plus en plus pour des achats de première nécessité (alimentation et approvision­nement quotidien, cf. graphique 1), traditionnellement apanage des espèces.
  In fine, les espèces restent toutefois, en 2022, le moyen de paiement le plus utilisé (cf. graphique 2) en volume aux points de vente en France (50 %) et en zone euro (59 %).