Les informations devenues disponibles depuis la réunion de politique monétaire du Conseil des gouverneurs en mars confirment la poursuite du ralentissement de la croissance en 2019. Bien que certains facteurs domestiques spécifiques freinant la croissance semblent s’estomper, les obstacles rencontrés au niveau mondial continuent de peser sur la croissance de la zone euro. Les risques pesant sur les perspectives de croissance de la zone euro restent orientés à la baisse, en raison de la persistance des incertitudes liées aux facteurs géopolitiques, de la menace protectionniste et des vulnérabilités sur les marchés émergents. Dans le même temps, de nouvelles créations d’emplois et l’augmentation des salaires continuent de soutenir la capacité de résistance de l’économie domestique et le renforcement progressif des tensions inflationnistes. Toutefois, un degré élevé de soutien monétaire demeure nécessaire pour préserver des conditions de financement favorables, favoriser l’expansion économique et ainsi faire en sorte que l’inflation reste sur une trajectoire durable vers des niveaux inférieurs à, mais proches de 2 % à moyen terme. Les indications du Conseil des gouverneurs sur la trajectoire future des taux d’intérêt directeurs de la BCE (forward guidance), associées aux réinvestissements du volume considérable de titres acquis et à la nouvelle série d’opérations de refinancement à plus long terme ciblées (TLTRO), contribuent à un niveau significatif de relance monétaire.
Les indicateurs tirés d’enquêtes relatifs à l’activité économique mondiale se sont affaiblis au premier trimestre 2019. En particulier, les échanges commerciaux ont continué de se ralentir dans un contexte de retournement du cycle industriel mondial et d’aggravation des tensions commerciales. L’inflation mondiale a fléchi au cours des premiers mois de 2019, principalement en raison d’une contribution plus faible de la composante énergie.
Les rendements des emprunts publics de la zone euro ont, dans l’ensemble, légèrement diminué, dans le sillage de la baisse des taux sans risque à l’échelle mondiale et du déplacement vers le bas de la courbe des taux anticipés de l’Eonia. Les évolutions des écarts de rendement des obligations souveraines ont affiché une certaine hétérogénéité dans la zone euro. Les cours boursiers ont augmenté dans un contexte de baisse des taux sans risque et de volatilité stable et faible. En conséquence, les écarts de rendement des obligations d’entreprises se sont réduits. Sur les marchés des changes, l’euro est resté globalement inchangé en termes pondérés des échanges commerciaux.
Le PIB en volume de la zone euro a augmenté de 0,2 %, en glissement trimestriel, au quatrième trimestre 2018, après une hausse de 0,1 % au troisième trimestre. Les données disponibles restent atones, principalement sous l’effet du ralentissement de la demande extérieure, accentué par des facteurs spécifiques à certains pays et secteurs. L’effet de ces facteurs étant légèrement plus persistant que prévu, le ralentissement de la croissance devrait se poursuivre au cours de cette année. Dans la période à venir, l’incidence de ces facteurs défavorables devrait s’estomper. L’expansion de la zone euro restera soutenue par les conditions de financement favorables, par de nouvelles créations d’emplois et par la hausse des salaires ainsi que par la poursuite, à un rythme un peu plus faible cependant, de la croissance de l’activité mondiale.
Selon l’estimation rapide d’Eurostat, la hausse annuelle de l’IPCH dans la zone euro s’est établie à 1,4 % en mars 2019, contre 1,5 % en février, reflétant essentiellement un ralentissement de la hausse des prix des produits alimentaires, des services et des produits manufacturés hors énergie. Sur la base des prix actuels des contrats à terme sur le pétrole, l’inflation totale devrait diminuer au cours des prochains mois. Les mesures de l’inflation sous-jacente sont restées globalement modérées, mais les tensions sur les coûts de main-d’œuvre se sont accentuées et généralisées dans un contexte de niveaux élevés d’utilisation des capacités de production et de tensions sur les marchés du travail. L’inflation sous-jacente devrait s’accélérer progressivement à moyen terme, soutenue par les mesures de politique monétaire de la BCE, la croissance économique en cours et le renforcement de la hausse des salaires.
S’agissant des évolutions monétaires, la croissance de la monnaie au sens large (M3) s’est accélérée, s’établissant à 4,3 % en février 2019, après 3,8 % en janvier. L’expansion de M3 reste soutenue par la création de crédit bancaire et l’agrégat étroit M1 a continué d’apporter la principale contribution à la croissance de la monnaie au sens large. Le taux de croissance annuel des prêts aux sociétés non financières a rebondi à 3,7 % en février 2019 et s’est ralenti ces derniers mois, reflétant la réaction décalée caractéristique au ralentissement de la croissance économique. La croissance annuelle des prêts aux ménages est restée globalement inchangée à 3,3 % en février. L’enquête sur la distribution du crédit bancaire dans la zone euro au premier trimestre 2019 indique un maintien de conditions du crédit bancaire globalement favorables.
Compte tenu des résultats de l’analyse économique et des signaux provenant de l’analyse monétaire, le Conseil des gouverneurs a conclu qu’un degré élevé de soutien monétaire demeurait nécessaire pour assurer la poursuite de la convergence durable de l’inflation vers des niveaux inférieurs à, mais proches de 2 % à moyen terme.
Sur la base de cette évaluation, le Conseil des gouverneurs a décidé de laisser les taux d’intérêt directeurs de la BCE inchangés et continue de prévoir qu’ils resteront à leurs niveaux actuels au moins jusqu’à la fin de 2019 et, en tout cas, aussi longtemps que nécessaire pour assurer la poursuite de la convergence durable de l’inflation vers des niveaux inférieurs à, mais proches de 2 % à moyen terme.
Le Conseil des gouverneurs a confirmé que l’Eurosystème poursuivra les réinvestissements, en totalité, des remboursements au titre du principal des titres arrivant à échéance acquis dans le cadre du programme d’achats d’actifs (asset purchase programme – APP) pendant une période prolongée après la date à laquelle il commencera à relever les taux d’intérêt directeurs de la BCE et, en tout cas, aussi longtemps que nécessaire pour maintenir des conditions de liquidité favorables et un degré élevé de soutien monétaire.
Le Conseil des gouverneurs a réaffirmé qu’il se tenait prêt à ajuster l’ensemble de ses instruments, le cas échéant, pour s’assurer que l’inflation continue de se rapprocher durablement de son objectif.
Les conditions précises de la nouvelle série de TLTRO seront communiquées lors de l’une des prochaines réunions du Conseil des gouverneurs. En particulier, les taux qui seront appliqués à ces nouvelles opérations tiendront compte d’une évaluation approfondie du canal de transmission de la politique monétaire, par l’intermédiaire des banques, ainsi que de l’évolution future des perspectives économiques. Dans le cadre de l’évaluation régulière de la BCE, le Conseil des gouverneurs examinera également si le maintien des retombées favorables des taux d’intérêt négatifs pour l’économie exige l’atténuation de leurs éventuels effets secondaires, le cas échéant, sur l’intermédiation bancaire.
Mis à jour le : 03/12/2019 12:14