Document de travail n°797 : Chaînes de valeurs et transmission de chocs de taux de change sur les prix à la consommation

Depuis la crise financière de 2008, les difficultés pour prévoir l’inflation ont suscité un débat sur les déterminants mondiaux des prix. Nous contribuons à ce débat en étudiant l'impact des chocs de taux de change sur le déflateur de la consommation entre 1995 et 2018 en prenant en compte les chaînes de valeur mondiales à partir de trois tableaux entrées-sorties au niveau mondial (WIOD et deux versions de TiVA). Nous travaillons en équilibre partiel avec des fonctions de production Cobb-Douglas. La dernière version disponible des TES mondiaux remontant à 2015, nous extrapolons à partir de données disponibles plus récentes (PIB et commerce international). Selon les pays, l'élasticité de l’inflation au taux de change varie de 0,05 à 0,35. En utilisant les données WIOD sur un échantillon de 43 pays, nous montrons que l'élasticité moyenne du déflateur de la consommation au taux de change a augmenté de 0,075 en 2000 à 0,094 en 2008, avant de décroître à 0,08 en 2014. Nos extrapolations suggèrent que la baisse s'est poursuivie jusqu'en 2016, avant de s'inverser en 2017 et 2018. Nos résultats sont robustes aux trois bases de données utilisées.

Depuis la crise financière de 2008, les difficultés pour prévoir l’inflation ont suscité un débat sur les déterminants mondiaux des prix. Nous contribuons à ce débat en étudiant l'impact des chaînes de valeur mondiales sur la dynamique de l'inflation au cours des vingt dernières années sur un échantillon de 43 économies.

La participation aux chaînes de valeur mondiales renforce les liens entre les pays par le biais des consommations intermédiaires. Lorsque les chaînes de valeur sont mondiales, les fluctuations des taux de change ont une incidence sur le déflateur de la consommation des ménages.

En supposant une structure de production de type Cobb-Douglas dans laquelle les entreprises cherchent à minimiser leurs coûts, nous calculons en équilibre partiel les effets d'un choc de taux de change sur le déflateur de la consommation des ménages. Nous utilisons des tableaux d'entrées-sorties au niveau mondial couvrant vingt ans (de 1995 à 2015). Les tableaux d'entrées-sorties au niveau mondial (WIOT) sont généralement publiés avec un décalage de plusieurs années (2015 constitue la fin de notre échantillon). Afin de rendre notre travail utile pour la détermination de la politique économique, nous montrons qu'il est possible d'extrapoler nos résultats en utilisant uniquement des données de PIB et de commerce.

Nous analysons l'impact des chocs de taux de change sur les principales composantes des prix à la consommation des ménages et sur les prix des biens finaux importés et domestiques. Selon le taux d’ouverture des économies, la valeur absolue de l'élasticité du déflateur de la consommation des ménages au taux de change varie de 0,05 à 0,35, confirmant l’importance des chaînes de valeur dans la transmission de chocs extérieurs à l’inflation domestique. Dans la zone euro, l'élasticité absolue du déflateur de la consommation des ménages aux variations du taux de change de l'euro varie entre 0,07 et 0,18.

Nous montrons que l'impact direct (via les biens finaux importés) et indirect (via les biens finaux nationaux produits à l'aide d'intrants étrangers) expliquent en grande partie la propagation d'un choc de taux de change aux prix domestiques. Ces effets de premier tour expliquent les trois quarts de la propagation des chocs de taux de change aux prix domestiques. En revanche, nous observons un rôle limité pour les effets de second tour, c'est-à-dire la transmission supplémentaire de la baisse des prix des intrants intérieurs. L'inflation sous-jacente (définie comme l'inflation hors énergie et alimentation) contribuent à une part importante de l'élasticité totale, ce qui traduit principalement le poids élevé des services domestiques et des biens industriels non énergétiques dans la consommation totale.

Sur notre échantillon de 43 pays, l'élasticité absolue moyenne du déflateur de la consommation des ménages aux chocs de taux de change est passée de 0,08 en 2000 à 0,09 en 2008, avant de diminuer au cours des années suivantes. Nos extrapolations suggèrent que cette baisse s'est inversée en 2017 et 2018.

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Document de travail n°797 : Chaînes de valeurs et transmission de chocs de taux de change sur les prix à la consommation
  • Publié le 04/01/2021
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Mis à jour le : 04/01/2021 18:49