Le présent article analyse le comportement des banques publiques au long du cycle économique. Grâce à une base de donnée unique, de 1990 à 2010, incluant au plus 459 banques publiques dans 93 pays, il est possible de prendre en considération les changements de propriété avec les privatisations et nationalisations en temps de crise, lesquelles tendraient à diminuer les différences entre banques publiques et privées. Je trouve que (i) les prêts des banques publiques sont significativement moins cycliques que ceux des banques privées, (ii) les banques publiques diminuent moins leurs prêts en cas de retournement économique, avec une relation positive entre développement économique et capacité d'absorption des chocs macroéconomiques par les banques publiques, et (iii) les banques privatisées passent d'un régime de faible cyclicité des prêts à une cyclicité proche de celle des banques privées. Ce co-mouvement plus faible des prêts des banques publiques avec les fluctuations économiques révèle à la fois (a) une moindre vulnérabilité du bilan et un financement plus stable des banques publiques, ce qui est cohérent avec un modèle bancaire favorisant les relations avec le client, (b) mais aussi un provisionnement pour pertes décalé dans le temps, symptôme de mauvaise gestion des actifs; la combinaison des deux explications est liée au niveau de développement économique: si les pays développées peuvent être caractérisés par une cyclicité efficiente des prêts des banques publiques, pour les pays moins développés cela risque de retranscrire davantage une allocation inefficace du crédit.
Thibaut Duprey
Décembre 2012
Classification JEL : G21, G28, G32, H44.
Mots-clés : cycle du crédit, procyclicité, banques publiques, privatisations, nationalisations, dépréciations différées
Mis à jour le : 06/02/2019 15:53