Nous analysons le comportement de prise de risque d’intermédiaires financiers hétérogènes qui sont protégés par la responsabilité limitée et qui choisissent la fois leur niveau d'endettement et le niveau d’exposition au risque (de diversification) de leur portefeuille. En raison de l'opacité du secteur financier, les investisseurs ne peuvent pas distinguer les intermédiaires «prudents» des «imprudents», lesquelles détiennent volontairement des portefeuilles peu ou non diversifiés, et qui s'exposent ainsi au risque de faillite.
Nous montrons comment la proportion d'intermédiaires « imprudents » est déterminée en équilibre conjointement avec niveau du taux d'intérêt, et comment l’équilibre dépend de la distribution du capital entre les intermédiaires financiers. Une des conséquences de notre analyse est que l'augmentation exogène de l'offre de fonds vers le secteur intermédiaire (par exemple des entrées de capitaux) abaisse le taux d'intérêt et accroît la proportion d'intermédiaires imprudents (le canal de prise de risque des bas taux d'intérêt). Une autre est que suite à une perte de capital bancaire, un nombre croissant d'intermédiaires adopte une stratégie très risquée de non-diversification dite « gamble for resurrection », ce qui amplifie soudainement le risque systémique dans le secteur bancaire.
Edouard Challe, Benoit Mojon et Xavier Ragot
Juillet 2012
Classification JEL : E44, G01, G20
Mots-clés : Prise de risque, diversification de portefeuilles, risque systémique, opacité financière
Mis à jour le : 06/02/2019 16:24