Dans les pays émergents, les entrées de capitaux sont généralement associées à des hausses de productivité. Toutefois, dans les petites économies avancées ouvertes, telles que celles de la périphérie de la zone euro, c’est l’inverse qui est observé : les entrées de capitaux entraînent une baisse de productivité, peut-être en raison de l’arrivée d’entreprises moins productives. Dans cet article, nous mesurons les chocs de flux de capitaux par des variations exogènes de taux d'intérêt réels mondiaux. Nous montrons de manière empirique que des taux d'intérêt réels plus faibles entraînent une baisse de la productivité seulement dans les économies avancées, alors que c'est le contraire qui est observé pour les économies émergentes. Nous construisons un modèle théorique d’équilibre général dynamique avec firmes hétérogènes, imperfections financières et productivité endogène. Le modèle combine un effet dit de cleansing, provenant des sorties (entrées) de capitaux, avec un effet dit d’original sin, par lequel les sorties (entrées) de capitaux, via une dépréciation (appréciation) du taux de change réel, diminuent (augmentent) le coût d'opportunité de la production et la capacité d'emprunt des entreprises existantes. L'estimation du modèle théorique révèle qu'une faible élasticité au commerce combinée à une dispersion élevée (faible) de la productivité des entreprises dans les émergents (avancés) sont les ingrédients essentiels pour expliquer les effets différenciés des entrées de capitaux entre groupes de pays. L'équilibre relatif entre l’effet de cleansing et l’effet d’original sin permet de rationaliser simultanément ce qui est observé dans les deux types de pays.
Mis à jour le : 31/12/2018 12:30