Nous étudions l’impact de la crise sanitaire sur l’activité de plus de 645 000 entreprises, à partir de données individuelles permettant d’estimer leur chiffre d’affaires à une fréquence mensuelle. Notre approche, fondée sur un modèle de micro-simulation, est innovante à triple titre. Premièrement, nous quantifions la perte d'activité par rapport à une situation contrefactuelle dans laquelle la crise n'aurait pas eu lieu. Deuxièmement, nous estimons ce choc au niveau individuel, permettant une analyse détaillée de l'hétérogénéité des chocs d’activité. Nous mettons en lumière la dispersion du choc à la fois entre secteurs et au sein des secteurs. Nous montrons que le secteur de l'entreprise explique jusqu'à 48 % de la variance des chocs d'activité mensuels pondérés par l'emploi en 2020, soit une part beaucoup plus importante que lors d'une année normale. Enfin, nous identifions quatre profils de trajectoires, caractéristiques de l’évolution de l'activité en 2020. Le secteur est le principal déterminant d'appartenance à un profil donné. Conditionnellement au secteur, le profil de trajectoire est également corrélé à la capacité d'adaptation organisationnelle des entreprises.
Au début de l’année 2020, la pandémie de COVID-19 et les mesures de restriction ayant visé à l’endiguer ont provoqué un choc important sur l’activité des entreprises françaises. En s’appuyant sur un échantillon inédit de plus de 645 000 entreprises permettant d’estimer leur chiffre d’affaires à une fréquence mensuelle à partir des déclarations de TVA, nous proposons une analyse triplement innovante dans le débat concernant l’impact économique de la crise sanitaire. D’abord, nous évaluons l’impact de la crise en estimant des chocs d’activité qui mesurent l’évolution de l’activité économique mesurée en écart par rapport à une situation contrefactuelle simulée. Puis, le modèle de micro-simulation développé permet d’évaluer le choc d’activité lié à la crise au niveau individuel, rendant possible une analyse détaillée de l’hétérogénéité des situations des entreprises après un an de crise, y compris au sein d’un même secteur. Enfin, l’analyse exploite la dimension infra-annuelle des données pour caractériser différents profils de trajectoires d’activité au cours de l’année 2020.
Nos résultats montrent que le premier confinement a constitué un choc généralisé dont l’ampleur a varié selon les secteurs alors que le second confinement a été plus faible et plus localisé. Au cours de la crise, le secteur d’activité explique une part nettement plus importante de la dispersion des chocs individuels d’activité qu’en période normale. Elle explique ainsi jusqu’à 48 % de la variance des chocs observés lorsque ces derniers sont pondérés par les effectifs salariés. L’analyse dynamique des pertes d’activité individuelles révèle quatre profils de trajectoire, illustrant les différents niveaux de résilience des entreprises face à la crise. L’appartenance à ces différents profils s’explique principalement par le secteur d’activité – à un niveau de découpage très fin. A secteur d’activité similaire, elle s’explique par les capacités d’adaptations organisationnelles et productives des entreprises pendant la crise. L’existence d’une activité exportatrice avant le début de la crise est très défavorable à la trajectoire d’activité connue par les entreprises en 2020.
Mis à jour le : 20/07/2021 12:13