Le Bulletin de la Banque de France n°239 : Article 5 L’adaptation des économies au changement climatique : les enseignements tirés de la recherche économique

Au delà des enjeux de transition énergétique et d’élaboration d’un modèle économique soutenable, le processus de changement climatique a d’ores et déjà des conséquences négatives mesurables : moindres rendements agricoles, baisse de l’offre de travail, croissance plus faible de la productivité. Il s’agit alors de comprendre dans quelle mesure les entreprises, et plus généralement les économies, sont susceptibles de s’adapter et d’innover afin d’en atténuer les conséquences néfastes. Les travaux examinés relèvent à ce stade une adaptation relativement limitée des entreprises aux conséquences du changement climatique.

1 Les risques physiques, un défi majeur pour certaines activités économiques

 

Ces dernières décennies, de nombreux travaux scientifiques ont confirmé de manière indiscutable le rythme et l’intensité du changement climatique en cours. Le sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, 2021) réaffirme avec force, dans son premier volume, le rôle déterminant des activités économiques humaines dans le processus de réchauffement climatique, ainsi que l’ampleur et surtout l’accélération spectaculaire de ce processus. Au‑delà du réchauffement de l’atmosphère et des océans, le rapport indique que « les preuves des changements observés dans les phénomènes extrêmes tels que les vagues de chaleur, les fortes précipitations, les sécheresses et les cyclones tropicaux, et, en particulier, leur attribution à l’influence humaine, se sont renforcées depuis le cinquième rapport d’évaluation ».

 

Aussi, ce qui pouvait apparaître il y a encore trente ans comme une menace et un enjeu à moyen terme s’affirme désormais comme une contrainte immédiate qui s’impose brutalement à tous. Les dérèglements et perturbations induits par le réchauffement climatique – et notamment la fréquence accrue d’événements climatiques « extrêmes » – ont des effets immédiats d’une ampleur grandissante sur les activités humaines (Dell et al., 2014 ; Lesterquy, 2021) et posent des défis pour y faire face. L’été 2021 l’a illustré.

 

Dans cet article, nous examinons les risques physiques auxquels certaines activités économiques sont de plus en plus exposées et la façon dont celles‑ci sont susceptibles – ou non – de s’y adapter pour en atténuer les effets les plus dommageables. De nombreux rapports prospectifs ont été publiés afin de cartographier et décrire ces risques liés au climat que les entreprises doivent à présent prendre en considération et recenser les premières mesures mises en œuvre (Ademe, 2019 ; McKinsey, 2020 ; CERDD, 2021 ; CCI, 2021). Toutefois, à notre connaissance, ces rapports institutionnels ne tirent pas pleinement profit de l’existence d’une abondante littérature académique sur le sujet. L’objectif du présent article consiste donc à porter au débat les enseignements de cette littérature.

 

2 Des secteurs d’ores et déjà affectés par le risque physique

 

À moyen et long terme, le changement climatique pose des défis majeurs pour nos économies : soutenabilité de certaines filières, transition vers des sources énergétiques pérennes et moins polluantes, remplacement de composants ou procédés industriels émetteurs de gaz à effet de serre (GES), actifs échoués, etc. Les (r)évolutions nécessaires pour contenir – autant que possible – le réchauffement climatique sont considérables. Toutefois, l’importance de ces défis de moyen terme ne doit pas conduire à sous‑estimer le fait que le changement climatique affecte d’ores et déjà l’activité économique

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Le Bulletin de la Banque de France n°239 : L’adaptation des économies au changement climatique : les enseignements tirés de la recherche économique
  • Publié le 16/02/2022
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Recherche économique

Mis à jour le : 16/02/2022 10:00