Le Bulletin de la Banque de France n°221 : Article 4 Les investissements directs étrangers en France s’orientent à la fois vers les entreprises les plus robustes et les plus fragiles

Depuis 2015, les investissements directs étrangers en France sont au plus haut. Les investisseurs étrangers ciblent des entreprises en moyenne plus grandes et plus efficaces que les autres. Dans ce contexte, le débat public autour de la notion d’attractivité oscille généralement entre deux idées apparemment contradictoires : la satisfaction d’attirer les investisseurs étrangers pour financer le développement des entreprises françaises, et la crainte de voir les mêmes investisseurs s’emparer des fleurons industriels et commerciaux de notre pays. Les recherches sur le sujet ont pu alimenter l’une comme l’autre thèse, en montrant qu’en moyenne les non-résidents achètent les entreprises les plus efficaces (phénomène de « cherry-picking »). Sans trancher ce débat, cet article met en évidence, via une analyse en dispersion, que les non-résidents privilégient certes les entreprises à fort potentiel, mais visent également des entreprises présentant une situation dégradée.

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1 Regain d’attractivité des entreprises françaises depuis 2015

Les non-résidents investissent près de 30 milliards par an en capital social depuis 2015

En cumul sur la période de 2015 à 2017, les investissements directs étrangers (IDE) en France atteignent près de 120 milliards d’euros, soit trois fois plus qu’au cours des trois années précédentes, et presque autant que le cumul de ceux réalisés de 2008 à 2014. Sur les trois dernières années, ces investissements représentent en moyenne 2 % du produit intérieur brut (PIB) annuel.

En 2017, la France est l’un des quatre seuls pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dont les investissements étrangers augmentent par rapport à l’année précédente. Au total, le stock d’investissements directs étrangers en France s’élève à 730 milliards d’euros à fin 2017. Ces investissements prennent essentiellement la forme d’opérations en capital social  (prises de participation, fusions-acquisitions). Celles-ci atteignent un niveau record de 2015 à 2017, proche de 30 milliards d’euros en rythme annuel. Par ailleurs, chaque année, une partie du résultat courant revenant aux propriétaires non résidents des entreprises françaises n’est pas distribuée, mais est mise en réserve : ce sont les « bénéfices réinvestis ».

Ceux-ci représentent environ 7 milliards de nouveaux investissements chaque année entre 2015 et 2017. Enfin, les flux de prêts-emprunts intragroupe, qui reflètent dans une large mesure les mouvements de trésorerie de grands groupes multinationaux, génèrent une entrée nette de capitaux en 2017, alors qu’ils s’étaient soldés par une légère sortie en 2016.

L’industrie continue d’attirer les capitaux étrangers

Les secteurs économiques ciblés par les investissements directs réalisés entre 2015 et 2017 se démarquent en partie des secteurs traditionnellement investis, tels qu’ils ressortent des statistiques de stocks établies sur l’ensemble des investissements passés. Ainsi, le secteur de la construction a reçu près d’un cinquième des investissements directs étrangers de 2015 à 2017, alors qu’il ne représente que 3 % des stocks ; cette nouvelle orientation va de pair avec une désaffection pour les activités financières et d’assurance. En revanche, l’industrie et les activités immobilières continuent de dominer : ces deux secteurs concentrent plus de la moitié des stocks et des flux de 2015 à 2017.

Les États-Unis sont le premier pays investisseur en France

Les investissements directs américains en France approchent les 120 milliards d’euros, soit près d’un cinquième du stock total, selon l’approche par « l’investisseur ultime ».

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Le Bulletin de la Banque de France n°221 : Les investissements directs étrangers en France s’orientent à la fois vers les entreprises les plus robustes et les plus fragiles
  • Publié le 28/02/2019
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Économie et financements internationaux

Mis à jour le : 03/12/2019 12:13