Le Bulletin de la Banque de France n°231 : Article 2 Macroéconomie du télétravail

Avec la levée progressive des mesures d’endiguement de la Covid-19, la généralisation du recours au télétravail constitue l’un des principaux effets d’hystérèse structurels de la crise actuelle. Pendant cette crise, le recours massif et contraint au télétravail a permis d’assurer la continuité de certaines activités, en particulier dans le secteur des services. Si la plupart des pays ont progressivement mis fin aux mesures de confinement et autorisé les travailleurs à revenir dans leurs entreprises, l’année 2020 représentera certainement un tournant majeur dans le développement du télétravail à long terme, avec d’importantes conséquences pour la demande en immobilier d’entreprise.

1 Tendances en matière de recours au télétravail

S’il existe depuis longtemps, le recours au télétravail n’a été largement étendu qu’en 2020, et ce, bien que les nouvelles technologies aient depuis longtemps considérablement fait baisser le coût de mise en oeuvre des dispositifs de travail flexibles. Comme le souligne l’Organisation internationale du travail (OIT), le concept de télétravail souffre d’un problème de définition. Dans un souci de clarté, nous utilisons dans cet article une définition simple, proposée dans l’accord-cadre européen sur le télétravail signé en 2002. Nous définissons donc le télétravail comme l’utilisation de la technologie afin d’organiser et de mener à bien une mission professionnelle hors des locaux de l’employeur, alors qu’elle aurait pu être réalisée dans ces locaux. Cette définition large et générique explique sans doute le manque de données comparatives sur la prévalence du télétravail dans les différents pays. Aux États-Unis, d’après le Bureau of Labor Statistics, chaque jour, en moyenne, près de 25 % des salariés ont travaillé chez eux en 2019, un chiffre qui dépasse 40 % pour les salariés titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur. Cependant, cette définition inclut les salariés qui complètent leurs heures de bureau par du travail à domicile. En examinant différents modèles de contrats de travail flexibles, Mas et Pallais (2020) constatent que jusqu’à 30 % des salariés relèvent d’un tel contrat aux États-Unis, et pourtant, seuls 10 % des salariés déclarent travailler à domicile de façon régulière. En s’appuyant sur l’enquête sur la population américaine (American Community Survey) réalisée par le bureau du recensement (Census Bureau) des États-Unis, l’agence pour l’emploi FlexJobs constate que la part de salariés qui travaillent à domicile au moins la moitié de leur temps de travail s’est établie à 3 % de la population active aux États-Unis en 2017. En France, selon une analyse récente de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail (Dares), en 2017, une proportion similaire de personnes ont travaillé chez elles au moins un jour par semaine en moyenne. Au Royaume-Uni, selon l’Office national des statistiques, 1,7 million de personnes ont déclaré travailler principalement à domicile en 2019, soit environ 5 % des personnes employées, et 4 millions ont déclaré travailler à domicile au moins quelques heures par semaine.
 

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Le Bulletin de la Banque de France n°231 : Macroéconomie du télétravail
  • Publié le 11/09/2020
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Mis à jour le : 14/09/2020 08:00