Dans un contexte plus incertain, la croissance française ferait preuve de résilience
L’économie française a subi un net ralentissement en début d’année 2018, avec une croissance trimestrielle moyenne à 0,2 % au premier semestre, après 0,7 % en moyenne au cours de l’année 2017. Ce ralentissement a affecté l’ensemble des composantes de la demande, en particulier les exportations et l’investissement des ménages mais aussi l’investissement des entreprises et, dans une moindre mesure, la consommation des ménages.
L’activité s’est ensuite un peu raffermie au second semestre (0,3 % par trimestre) en dépit des perturbations induites en fin d’année par le mouvement des « gilets jaunes ». Cette dynamique devrait se poursuivre dans les trimestres à venir. Sur la base des enquêtes de conjoncture de la Banque de France publiées le 11 mars, notre estimation de la croissance du PIB pour le premier trimestre 2019 s’établit ainsi à 0,3 %. Sur la suite de 2019, l’activité en France devrait certes pâtir de la faiblesse de la demande de ses partenaires commerciaux, mais bénéficierait en revanche du net rebond du pouvoir d’achat et de la consommation des ménages, soutenus par la baisse du prix du pétrole en fin d’année dernière et les mesures budgétaires importantes votées en décembre (mesures dites MUES : projet de loi portant mesures d’urgence économiques et sociales, voir infra). La croissance trimestrielle du PIB continuerait ainsi de gagner en vigueur entre mi-2019 et fin 2019.
En moyenne annuelle, la croissance du PIB s’établirait à 1,4 % en 2019, légèrement inférieure à celle de 2018 (1,5 %). Ce ralentissement apparent en moyenne annuelle traduit pour beaucoup un élan nettement plus faible au moment d’entrer dans l’année : fin 2017, l’acquis de croissance pour 2018 s’établissait à 1,0 % alors qu’il n’est que de 0,4 % fin 2018 pour cette année. En revanche, sur l’ensemble de l’année, l’élan serait clairement plus favorable : la progression de l’activité atteindrait 1,7 % en glissement annuel au quatrième trimestre 2019, contre seulement 0,9 % fin 2018 (cf. graphique 1 ci-dessus).
Au-delà de 2019, les perspectives devraient rester positives, la croissance du PIB légèrement au-dessus de son rythme potentiel permettant de refermer l’écart de production (output gap) dès le début de l’année 2020 et l’activité s’installerait sur un rythme trimestriel d’environ 0,3 %-0,4 % en 2020 et 2021. En moyenne annuelle, la croissance du PIB s’établirait ainsi à 1,5 % en 2020, portée par le raffermissement de la demande mondiale adressée à la France cette année-là et donc par les exportations.
Cette projection inclut les comptes nationaux trimestriels jusqu’au quatrième trimestre 2018, publiés par l’Insee le 28 février. Elle repose par ailleurs sur les hypothèses techniques et l’environnement international (cf. tableau A2 en annexe dans le pdf de cette publication) de l’exercice de projection de mars de l’Eurosystème, arrêtées le 12 février. En outre, cette projection incorpore les mesures de la loi de finances pour 2019, avec en particulier les mesures d’urgence économiques et sociales (MUES) votées par l’Assemblée nationale le 21 décembre 2018, qui n’étaient pas prises en compte dans notre publication de décembre.
Depuis nos prévisions de décembre, le soutien de la demande extérieure est moindre à court terme mais contrebalancé par une nette révision en hausse des perspectives de pouvoir d’achat des ménages
Par rapport à notre publication de décembre, la légère révision à la baisse de nos prévisions de croissance entre 2019 et 2021 résulte de dynamiques contrastées.
Les hypothèses techniques internationales décrivent tout d’abord une activité chez nos partenaires moins porteuse à court terme même si elle regagnerait en dynamisme en 2020 (cf. graphique 2). Il est ainsi attendu que la demande mondiale adressée à la France ne progresse que de 3,1 % en 2019, après 3,6 % en 2018, avec un ralentissement marqué notamment en provenance des pays extérieurs à la zone euro. Du fait de l’orientation de ses échanges extérieurs, la France serait néanmoins moins exposée que certains de ses partenaires au fléchissement de l’activité mondiale (cf. graphique 3).
La croissance de la demande mondiale adressée à la France se raffermirait en 2020, à 3,7 %. En outre, l’économie française bénéficierait de la légère dépréciation passée du change et surtout de la baisse du prix du pétrole en fin d’année 2018, qui serait favorable au pouvoir d’achat des ménages et aux marges des entreprises.
Par ailleurs, l’activité en France serait soutenue dès le début 2019 et jusqu’en 2020 par les effets attendus des mesures dites MUES prises par le gouvernement (cf. infra et encadré 1).