Le Bulletin de la Banque de France n°236 : Article 4 Bilan des voyages dans le monde et en France en 2020 : de l’annus horribilis à une reconfiguration durable ?

La Covid-19 a bouleversé les voyages internationaux. Les restrictions à la mobilité mises en place dans chaque pays au départ comme à l’arrivée des voyageurs, couplées aux mesures internes, ont entraîné une baisse de 74 % des arrivées internationales dans le monde et de 66 % des recettes en 2020. Première destination touristique en nombre de voyageurs et troisième en recettes, la France a subi de plein fouet la mise à l’arrêt d’un secteur phare avec un effondrement de 50 % de ses recettes de voyages. La saison estivale, avec de moindres restrictions, a toutefois limité l’ampleur de la chute dans l’Union européenne, a contrario des voyages extra-européens restés très déprimés. Une reconfiguration géographique des déplacements internationaux pourrait se dessiner à terme avec un recul des voyages lointains. Dans ce contexte, les gains de parts de marché de la France par rapport aux pays européens en 2020 restent à confirmer.

1 2020, une annus horribilis pour les déplacements internationaux

Une chute historique des voyages dans le monde

L’année 2020 constitue une rupture sans précédent pour le secteur touristique, avec une chute des déplacements internationaux de 74 % par rapport à 2019 (cf. graphique 1). Alors que les crises précédentes (SRAS en 2003 et crise économique mondiale en 2008) avaient conduit à des reculs limités des arrivées, de respectivement 0,4 % et 4 %, l’année 2020 défie ainsi toute comparaison. La résilience à l’échelle mondiale dont avait témoigné le tourisme international lors de la décennie 2000 semble ainsi mise à mal au début de cette décennie.

Au cours de l’année, la baisse du nombre d’arrivées internationales atteint un point bas en avril (– 97 % par rapport à avril 2019, selon l’Organisation mondiale du tourisme) au moment où l’intensité des mesures de restriction à la mobilité est la plus forte. Les arrivées remontent ensuite progressivement jusqu’en août, tout en restant toujours très inférieures à la normale, avant de se dégrader à nouveau en novembre 2020.

Si la baisse du nombre de touristes est planétaire, la perte des 1,5 milliard de touristes par rapport à 2019 se répartit différemment selon les continents. La chute est ainsi la plus forte en Asie Pacifique, de 85 %, suivie par l’Afrique et le Moyen Orient et les Amériques (70 %), puis l’Europe (69 %).

Outre la diminution drastique des flux, la crise de l’année 2020 se caractérise par une modification de la structure des voyages. La montée en puissance de l’Asie parmi les destinations touristiques depuis vingt ans – passant de 13 % des arrivées internationales en 1990 à 25 % en 2019 (cf. graphique 1) – est ainsi brutalement enrayée, avec 14 % des arrivées en 2020. Lorsqu’il y a report partiel, celui ci profite principalement à l’Europe qui bénéficie des voyages des Européens sur le continent (cf. infra) et gagne 8 points de pourcentage (de 51 % à 59 %) et, dans une moindre mesure, aux Amériques qui gagnent 2 points pour atteindre 17 %. Le poids de l’Afrique et du Moyen Orient dans les arrivées internationales demeure relativement stable en 2020.

Des restrictions à la mobilité au départ comme à l’arrivée

La réduction sans précédent des arrivées internationales s’explique principalement par deux facteurs : d’une part les restrictions à l’entrée dans un pays étranger (test, quarantaine, voire interdiction d’entrée), d’autre part les restrictions au départ (confinement, interdiction de…
 

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Le Bulletin de la Banque de France n°236 : Bilan des voyages dans le monde et en France en 2020 : de l’annus horribilis à une reconfiguration durable ?
  • Publié le 23/07/2021
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Économie et financements internationaux

Mis à jour le : 03/09/2021 12:04