Le 6e rapport de synthèse du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), publié le 20 mars 2023, met en exergue l’importance de la finance et de la coopération internationale pour accélérer l’action climatique. L’Inde, grande économie émergente, qui préside le G20 depuis décembre 2022, a également placé l’environnement et le financement de la transition des pays à revenu intermédiaire parmi ses priorités. Si les pays émergents concentrent désormais la majorité des émissions de CO2, ces émissions sont liées par le commerce international à celles des pays avancés. Dès lors, la communauté internationale doit mobiliser davantage de ressources financières pour préserver le climat, considéré comme un bien public mondial. Sans cette mobilisation, la stabilité financière, dont sont garantes les banques centrales, pourrait être remise en cause par des transitions climatiques désordonnées, tardives, voire brutales. Le sommet pour un nouveau pacte financier mondial, qui se tiendra en juin 2023 à Paris, tentera de répondre à ces problématiques.
Cet article se concentre sur les pays membres du G20 hors pays avancés, mais la problématique vaut pour l’ensemble des pays à revenu intermédiaire (ou pays émergents) tels que classifiés par le Fonds monétaire international (FMI).
Une coopération nécessaire et légitime entre pays avancés et pays émergents
Le climat est un bien public mondial qui requiert des engagements et une coopération de tous les pays. Ceux pris dans le cadre de l’accord de Paris à travers les contributions déterminées au niveau national (CDN) pourraient ne pas être suffisants. Le réchauffement climatique atteindrait 2,4 °C en 2100, même en cas de mise en œuvre intégrale des cibles pour 2030 contenues dans les CDN (Climate Action Tracker, 2022).
Dans ce contexte, et alors que les effets du changement climatique s’accentuent chaque année, des actions multilatérales doivent être menées pour renforcer les CDN. Si le constat est partagé, le coeur des discussions et des négociations climatiques internationales actuelles porte sur la « répartition du fardeau » (international burden sharing). Quelles régions, quels pays doivent supporter le coût de l’intensification des politiques climatiques ? Les pays avancés (responsables historiques du stock de CO2 accumulé) ou les pays émergents (devenus principaux émetteurs de CO2) ?
Le principe de responsabilités communes mais différenciées (PRCP), énoncé à l’article 7 de la déclaration de Rio de 1992 et inscrit dans les traités climatiques internationaux depuis le protocole de Kyoto (1997), a été instauré pour tenir compte du rôle historiquement prépondérant des pays avancés dans le réchauffement climatique. Le protocole de Kyoto prévoyait ainsi une répartition binaire entre pays développés (dits pays de l’Annexe 1), qui avaient l’obligation de réduire leurs émissions, et pays en voie de développement, pour lesquels les attentes en matière d’objectif climat étaient réduites. Néanmoins, l’apparition de nouveaux pays fortement émetteurs, qui ne faisaient pas partie de l’Annexe 1 au cours des trente dernières années, a plaidé pour leur implication croissante dans les efforts de réduction d’émissions au niveau mondial. L’accord de Paris a ainsi tenté de revenir sur cette répartition binaire, notamment à travers les CDN, qui demandent à chaque État partie prenante à l’accord de Paris de définir ses propres objectifs climatiques.
Toutefois, la logique nationale induite par les CDN n’est pas toujours la plus appropriée : pour le même volume d’émissions évitées, renforcer les CDN dans les pays émergents est en effet moins coûteux que dans les pays avancés (cf. section 1.2).
Mis à jour le : 03/04/2023 10:00