Le Bulletin de la Banque de France n°230 : Article 3 Patrimoine et endettement des ménages en France, en Allemagne et en Italie avant la crise Covid-19

La crise sanitaire actuelle liée à la pandémie de Covid-19 est susceptible d’avoir un impact non négligeable sur les revenus, le patrimoine, les comportements d’épargne et de consommation des ménages. S’il n’est pas possible de connaître aujourd’hui l’ampleur et la durée du choc, il est probable qu’il affectera les ménages différemment en fonction de leur situation avant la crise et de la gravité avec laquelle les pays sont touchés. Cet article propose un éclairage sur la situation financière des ménages avant la crise en France, en Allemagne et en Italie. Il s’intéresse plus spécifiquement à l’évolution de l’endettement et du patrimoine immobilier depuis 2010, selon les niveaux de revenu des ménages. Il s’appuie sur une enquête conduite par les banques centrales de l’Eurosystème (Household Finance and Consumption Survey, 2020a et 2020b – pour l’Espagne, données non disponibles avant fin 2020).

1 L’endettement des ménages suit une trajectoire propre dans chaque grand pays de la zone euro depuis 2014

Un contexte macroéconomique propice à des évolutions hétérogènes entre pays en matière de patrimoine et d’endettement

Entre 2014 et 2017, la reprise progressive de l’activité à la suite de la crise de la dette souveraine dans la zone euro s’est progressivement étendue à l’ensemble des pays de la zone. Sur cette période, la baisse des taux d’intérêt a été de nature à exercer un effet à la hausse sur les prix de l’immobilier (cf. graphique 1).

Or les biens immobiliers constituent de loin la principale composante de la richesse des ménages. Ainsi, en 2017, la part dans le patrimoine des ménages des actifs réels – en grande majorité immobiliers – atteignait environ 81 % dans la zone euro, 80 % en France, 79 % en Allemagne et 87 % en Italie. La dynamique de la valeur des biens immobiliers détermine donc nécessairement et largement celle de la richesse des ménages (Arrondel et Coffinet, 2019).

Sur la période 2003-2017, les prix de l’immobilier dans la zone euro, en France, en Allemagne et en Italie, ont connu des dynamiques contrastées. Ils ont augmenté de 2003 à 2008 en France et en Italie, mais pas en Allemagne. À partir de 2008, ils ont continûment progressé en Allemagne. En France, ils ont évolué selon une dynamique plus heurtée, avec une diminution en 2009, une hausse entre 2009 et 2011, puis une lente décroissance, et enfin une remontée à partir de 2015. En Italie, ils ont également baissé en 2009, mais se sont ensuite stabilisés jusqu’en 2011, avant de diminuer sur la fin de la période (cf. graphique 1).

En fin de période (2016-2017), les coûts de financement des ménages de la zone euro ont atteint leur niveau le plus bas. Depuis la crise de 2008, les taux d’intérêt moyens des crédits immobiliers des trois principales économies de la zone euro affichent une tendance baissière très marquée, passant d’un peu plus de 5 % en 2008 à moins de 2 % en 2017 (cf. graphique 2). Depuis 2012, les taux des crédits immobiliers observés en Italie sont supérieurs à ceux des deux autres pays.

Des dynamiques d’endettement immobilier des ménages différentes entre pays

Dans ce contexte, l’endettement agrégé des ménages italiens apparaît relativement stable sur la période 2010‑2017. L’endettement des ménages allemands s’est en revanche accru, en lien avec la dynamique des prix immobiliers.

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Le Bulletin de la Banque de France n°230 : Patrimoine et endettement des ménages en France, en Allemagne et en Italie avant la crise Covid-19
  • Publié le 25/08/2020
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Mis à jour le : 25/08/2020 10:00