Après une première décennie marquée par une dégradation de la compétitivité coût de la France vis à vis, notamment, de l’Allemagne, cette perte de compétitivité a été intégralement effacée depuis 2010. En parallèle, la performance à l’exportation de biens et services de la France s’est stabilisée avant la crise sanitaire de 2020. Un travail économétrique permet de quantifier la contribution des facteurs prix et coût, et des autres facteurs hors prix et hors coût, aux évolutions de la compétitivité à l’export de la France vis à vis de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Espagne sur cette période. Les écarts de compétitivité coût ont joué un rôle défavorable avant la grande crise financière. Depuis 2010, le rétablissement de la compétitivité prix et coût n’a permis de regagner qu’une petite partie du terrain perdu par rapport aux autres grands pays de la zone euro étant donné la dégradation continue des autres facteurs de la performance exportatrice (compétitivité hors coût).
Après une dégradation marquée entre le début des années 2000 et la grande crise financière de 2008‑2010, la part de marché de la France à l’exportation de biens et services se stabilise depuis l’année 2010 (cf. graphique 1). En effet, la « performance » macroéconomique des exportations françaises, mesurée par le ratio exportations (en valeur ou en volume)/demande adressée, se stabilise au sortir de la crise financière. Cette rupture de tendance vaut également pour l’Italie et l’Espagne, qui ont connu des ajustements nominaux très prononcés au coeur de la crise des dettes souveraines.
À la veille de la crise sanitaire, en 2019, la France tendait à regagner des parts de marché à l’exportation, alors que la performance de l’Allemagne à l’exportation était plutôt orientée à la baisse, en raison notamment de difficultés en partie conjoncturelles dans le secteur automobile.
La crise de la Covid‑19 a fortement affecté les exportations de la France en 2020. La dégradation de performance à l’exportation tient surtout à une spécialisation défavorable, avec le poids important du secteur de l’aéronautique (cf. Berthou et Gaulier, 2021). De même, les restrictions sur les voyages ont fortement affaibli les exportations de services de la France. En Espagne, la performance exportatrice très défavorable en 2020 s’explique également par la chute de la demande de voyages, non prise en compte dans l’indicateur de demande adressée.
L’année 2020 apparaît atypique quant au rôle de la spécialisation sectorielle puisque, auparavant, la demande mondiale dans l’aéronautique a plutôt favorisé les exportations françaises. Dans son ensemble, la spécialisation de la France s’est avérée un atout à partir du milieu des années 2000, même par rapport à l’Allemagne (cf. Gaulier et al., 2013 – tableau 3, actualisé dans Bas et al., 2015). La progression des voyages dans le commerce mondial bénéficiait aussi à la France, mais dans une moindre mesure étant donné la forte spécialisation régionale dans ce secteur (débouchés européens moins dynamiques – cf. Camatte et Gaulier, 2018). Enfin, les services hors voyages ont été un moteur de la croissance du commerce extérieur français entre 2000 et 2019 (cf. Bui Quang et Gigout, 2021).
La France a considérablement amélioré sa compétitivité coût vis‑à‑vis de l’Allemagne, après une longue période de dégradation (cf. graphique 2 et encadré 1).
Mis à jour le : 24/06/2021 11:17