Au cours des vingt-cinq dernières années, l’interaction des banques centrales avec le public a connu une révolution : la culture du secret a laissé place à une communication extensive. La transparence n’est pas seulement un impératif démocratique : elle améliore également l’efficacité de la politique monétaire. Depuis la crise financière, la communication relative à la trajectoire future des taux directeurs – la forward guidance – est devenue un instrument clé de la politique monétaire. Elle impose aux banques centrales de peser chaque mot afin de s’assurer que les acteurs économiques, les marchés et le public n’interprètent pas de façon erronée l’annonce d’une future orientation comme un signal relatif à l’état de l’économie. La communication des banques centrales doit être prête à évoluer afin de relever les défis qui se présenteront à l’avenir.
Au cours des vingt-cinq dernières années, la relation des banques centrales avec le public s’est complètement inversée, passant de la culture du secret à une communication extensive. À la fin des années 1980, la Réserve fédérale des États-Unis (la Fed) ne communiquait pas de façon explicite le taux cible des fonds fédéraux et son président, Alan Greenspan, déclarait que quiconque le trouverait clair avait probablement mal compris ce qu’il avait dit. Aujourd’hui, la plupart des banques centrales des pays développés tiennent des conférences de presse à l’issue des décisions de politique monétaire, pour expliquer la politique en cours et fournir des indications quant à son évolution future.
Cette révolution en matière de communication a été initiée par les banques centrales de petites économies ouvertes, telles que la Banque de réserve de Nouvelle Zélande et la Banque du Canada. Dans les années 1990, ces banques centrales ont adopté la politique de ciblage de l’inflation, à savoir un cadre de politique monétaire donnant un rôle central à la communication de leurs objectifs et des raisons qui motivent leurs décisions. Bien que les grandes banques centrales telles que la Fed et la Banque centrale européenne (BCE) n’aient pas explicitement adopté la politique de ciblage de l’inflation, elles ont suivi une tendance similaire. À compter des années 1990, la Fed a commencé à publier des déclarations sur l’état de l’économie, les raisons de ses décisions de politique monétaire et la fourchette cible des taux des fonds fédéraux (1994), les votes des différents membres (2002), ainsi qu’un procès-verbal (minutes) des réunions du Comité fédéral d’open market (Federal Open Market Committee – FOMC ; 2005). Depuis sa création en 1998, la BCE tient une conférence de presse après l’adoption de ses décisions de politique monétaire qui inclut un échange avec les journalistes. Depuis 2015, elle publie un compte rendu des réunions de politique monétaire.
Deux raisons principales justifient ce changement radical. Premièrement, la communication est un élément essentiel de la transparence et de l’obligation de rendre des comptes, devoirs qui incombent à toute institution en charge d’une mission d’intérêt public, mais qui revêtent encore plus d’importance pour les banques centrales. En effet, depuis les années 1990, une plus grande indépendance leur a été accordée afin qu’elles poursuivent leurs objectifs de stabilité des prix et de stabilisation de l’économie. Cette indépendance va de pair avec l’impératif renforcé, pour les banques centrales, d’expliquer leurs actions de politique monétaire et la façon dont ces actions servent les objectifs qui leur ont été confiés.
Mis à jour le : 22/11/2019 12:40