Le Bulletin de la Banque de France n°227 : Article 6 Les structures de production et les rapports de force figent la situation en matière de délais et de retards de paiement

En 2018, les délais de paiement s’établissent à 44 jours de chiffre d’affaires pour les délais clients et à 51 jours d’achats pour les délais fournisseurs. Ils sont stables depuis 2014 pour les premiers, et depuis 2016 pour les seconds.

En 2018, le solde du crédit interentreprises se dégrade d’une journée, à 12 jours de chiffre d’affaires, mais il reste dans sa moyenne de longue période.

Des disparités sectorielles importantes se perpétuent, qui s’expliquent notamment par la position des entreprises dans la chaîne de valeur.

Les retards de paiement moyens persistent et leur réduction semble se heurter à des rigidités structurelles. Ils continuent de peser sur la trésorerie des entreprises, notamment des plus petites. Leur disparition occasionnerait un transfert de liquidité potentiel de 19 milliards d’euros vers les petites et moyennes entreprises (PME), dont 11 milliards en provenance des grandes entreprises.

1 Les disparités structurelles en matière de délais de paiement perdurent

La charge du crédit interentreprises augmente en 2018

En 2018, les délais de paiement des entreprises françaises restent aux niveaux observés depuis trois à quatre ans. Les délais fournisseurs se maintiennent à 51 jours d’achats pour la deuxième année consécutive. Les délais clients représentent 44 jours de chiffre d’affaires, chiffre inchangé depuis 2014. Si l’on exclut le pic de 2013 à 45 jours de chiffre d’affaires, les délais clients ne varient plus depuis 2011.

La charge du crédit interentreprises, mesurée par le solde commercial, s’élève à 12 jours de chiffre d’affaires, soit une hausse de 1 jour par rapport à 2018. Après les soubresauts de la période allant de 2010 à 2016, liés à des rythmes différents d’ajustement des délais clients et des délais fournisseurs après l’entrée en vigueur de la loi de modernisation de l’économie (LME), le solde commercial des entreprises françaises semblait pourtant se stabiliser au niveau tendanciel qui était le sien avant 2009. Cette évolution confirme que la mise en œuvre d’un délai de paiement interentreprises plafond peine à réduire la charge du crédit interentreprises pour les entreprises françaises créancières nettes, vis-à-vis des autres entreprises comme de leurs autres clients (ménages, administrations, secteur financier et reste du monde).

Les disparités sectorielles demeurent importantes

Les délais clients diffèrent entre secteurs tant en niveau qu’en tendance

Les délais clients présentent structurellement une forte disparité entre secteurs. En 2018, Ils varient de 6 jours de chiffre d’affaires pour le secteur « hébergement et restauration » à 78 jours pour le secteur « information et communication ». La nature de la clientèle explique bien sûr pour partie ces écarts. Les secteurs « hébergement et restauration » et, hors activité de gros, « commerce » (dont les délais clients sont de 25 jours de chiffre d’affaires) s’adressent en effet en majorité à une clientèle de particuliers qui règle généralement ses factures au comptant.

La position de l’entreprise dans la chaîne de valeur de sa filière – qui englobe le caractère stratégique des prestations fournies – et la longueur du processus de production à partir de la date d’achat des fournitures et des prestations qui en découlent, sont également des facteurs puissants d’hétérogénéité intersectorielle. La composition par taille d’entreprise des secteurs en est un autre. Ces derniers facteurs influencent notamment la capacité d’une entreprise à négocier les délais de paiement avec ses clients.

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Le Bulletin de la Banque de France n°227 : Les structures de production et les rapports de force figent la situation en matière de délais et de retards de paiement
  • Publié le 30/01/2020
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Mis à jour le : 31/01/2020 11:18