Le Bulletin de la Banque de France n°227 : Article 9 La composition du revenu aide à comprendre l’évolution du taux d’épargne des ménages en France

La hausse du taux d’épargne des ménages depuis fin 2018 et plus globalement ses mouvements importants depuis dix ans invitent à revisiter ses déterminants macroéconomiques. Cet article propose une modélisation de la consommation des ménages et donc du taux d’épargne faisant intervenir le poids dans le revenu de certaines de ses composantes. Cette modélisation traduit l’idée que les changements de la composition du revenu agrégé sont liés notamment à des modifications de la répartition du revenu entre ménages ayant des propensions marginales à consommer hétérogènes. L’approche retenue permet de mieux expliquer les mouvements récents du taux d’épargne, en particulier sa baisse depuis 2012 puis sa hausse récente, avec un rôle particulier pour les revenus financiers et les prélèvements obligatoires sur les ménages.

Le taux d’épargne des ménages a connu un pic à 16,1 % en 2009 puis il est tombé à 13,8 % en 2017. Il remonte depuis rapidement avec un dernier point connu à 14,8 % au troisième trimestre 2019. Comment comprendre ces mouvements ? En particulier, la remontée du taux d’épargne depuis fin 2018, dans un contexte de gains soutenus de pouvoir d’achat, est-elle durable ? Nous proposons dans cet article une analyse de ces mouvements, avec un accent porté sur la structure du revenu disponible brut des ménages. Les résultats présentés dans cet article sont une composante importante du diagnostic macroéconomique sous-jacent aux prévisions de la Banque de France depuis décembre 2017.

1 Au niveau macroéconomique, le taux d’épargne des ménages varie dans le temps

Le taux d’épargne des ménages peut varier significativement dans le temps. Partant d’un niveau supérieur à 17 % du revenu disponible à la fin des années 1970, il a fortement baissé jusqu’au milieu des années 1980 (11,1 % en 1987) puis il s’est redressé à la fin de la décennie 1980. Depuis 1991, période sur laquelle on se concentre dans cette étude, le taux d’épargne connaît des mouvements de moindre ampleur, dans une fourchette entre 13 et 16 % environ, mais il n’est pas pour autant stationnaire : il a connu une croissance tendancielle jusqu’en 2008, puis des mouvements importants depuis.

Au sens des comptes nationaux, l’épargne des ménages est ce qui reste de leur revenu disponible brut après les dépenses de consommation. Pour un niveau de revenu donné, s’intéresser au taux d’épargne est donc la même chose que s’intéresser à la consommation des ménages. Cet article s’inscrit ainsi dans une longue tradition des études macroéconomiques sur la consommation des ménages sur données françaises, dans la suite notamment de Bonnet et Dubois (1995), et Sicsic et Villetelle (1995).

L’ensemble de ces travaux fait jouer un rôle central au revenu disponible brut des ménages, ou à son anticipation, comme ancre de long terme des dépenses de consommation. Le principe des équations de consommation macroéconomiques est ainsi généralement de déterminer une cible de long terme vers laquelle, passé les effets des chocs de court terme, le taux d’épargne tendrait à converger. La détermination de cette cible est toutefois complexe. Le graphique 1 montre qu’entre le début des années 1990 et la crise de 2008 le taux d’épargne des ménages a tendu à croître tendanciellement. Une simple…

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Le Bulletin de la Banque de France n°227 : La composition du revenu aide à comprendre l’évolution du taux d’épargne des ménages en France
  • Publié le 25/02/2020
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Mis à jour le : 28/02/2020 14:16